Greater Plettenberg Bay, South Africa - Polarsteps

Aujourd'hui, j'ai eu l'une des plus extraordinaires montées d'adrénaline de ma vie. J'ai sauté d'un pont à 216 mètre de haut. Quand je préparais mon périple Sud Africain bien confortablement installé dans mon canapé, j'avais vu quelques activités bien sympathiques : la plongée avec les requins, l'ascension de Table Mountain, le treck de Mossel Bay, le surf ... et le plus haut saut à l'élastique du monde à partir d'un pont. Très excitant ! On s'imagine sauter du haut du pont sans peur et sans hésitation, plein de confiance, tentant de déterminer quelle sensation nous envahira le jour J. Le jour J est arrivé, j'ai booké la veille mon saut ainsi que la navette pour aller jusqu'au pont... je suis le seul de l'auberge à effectuer le saut aujourd'hui... 8h30. Pour patienter jusqu'à l'arrivée de la navette 4h plus tard, nous avons randonné toute la matinée. Finalement à force de discussion, j'ai convaincu une espagnole rencontrée dans le bus pour le WSBL de faire le saut avec moi. 12h30 trépignant d'impatience en attendant la navette, je commence à sentir mon estomac se nouer un peu ... comme si mon corps ressentait qu'il allait vivre une expérience contre nature. Nous discutons pendant les 20min de voyage et le stress ressenti plus tôt a totalement disparu. Nous nous présentons à l'accueil puis nous équipons. 13h. Nous sautons dans 1h, chaque minute semble durer une éternité, nous tournons en rond, balançons quelques vannes, regardons 3 ou 4 personnes sauter et rigolons en attendant leurs cris. 13h50. On nous appelle enfin. Nous sommes une douzaine à sauter. Petit briefing et nous nous dirigeons vers le pont. Nous empruntons une passerelle étroite et marchons sur une espèce de grillage au maillage soudé et à la relative rigidité. À chaque pas le sol s'enfonce un petit peu, ce qui n'est pas des plus rassurants... la peur se fait sentir... A chaque pas, un peu plus de vide sous mes pieds. Et à chaque pas une seule et même question "Est-ce que par hasard, tu n'aurais pas eu une idée à la con ?!" Chaque pas en avant faisait pencher la balance vers une réponse que je vous laisse deviner... Nous descendons finalement de la passerelle et je pose enfin les pieds sur une surface bien solide et rigide. Bizarrement cela ne me rassure pas plus que ça. Et oui, ça signifie que nous sommes à plus de 200 m de haut et que le moment fatidique approche. Nouveau briefing sécurité et annonce de l'ordre de passage. 3ème position. Est-ce mieux de passer dans les premiers ? Dans les derniers ? De toute façon, au bord du gouffre, on n'y pense pas. Le staff envoie la musique, littéralement, et se met à danser pour détendre les esprits. Ça marche plutôt bien. Pendant que les 4 premiers sont harnachés les autres jumpers et le staff improvisent une chorégraphie! Fun ! Je me sens bien. Le premier jumper saute. l'excitation est à son comble et surclasse largement l'appréhension et la peur. Je regarde le paysage. D'un côté la rivière en contre bas se jette dans l'océan entre deux impressionnantes falaises, de l'autre les rayons du soleil s'écrasent sur les arbres qui se dressent sur la paroi de la montagne. C'est de ce côté que je vais sauter. Le second jumpeur saute. Quelques minutes et l'élastique remonte. Pendant que le staff m'harnache, la vision du paysage idyllique m'abandonne. Tout d'un coup, je réalise. C'est à mon tour. Pendant que le staff pose sur mes mollets des protections se refermant avec de simples velcros, mon côté pragmatique et raisonnable reprend le dessus afin de lutter contre la peur qui m'envahit. Je regarde attentivement le staff fixer fermement mes deux pieds l'un contre l'autre avec une sangle. L'élastique est attaché avec deux mousquetons. Une sangle accrochée à mon harnais au niveau du torse est aussi accrochée à l'élastique, une triple sécurité. Pourtant la peur est toujours là, l'excitation aussi le pragmatisme et la raison perdent du terrain. Le staff m'aide et me place à l'extrémité de la zone de saut. Impossible de dire tout ce qui se passe dans ma tête à cet instant. 3 Putain qu'est ce que je fous là ? Ça va être génial!! 2 Une poussée d'adrénaline exceptionnelle ! C'est beaucoup trop haut et si l'élastique casse ?! 1 Je veux sauter !! maintenant !! Demi-tour !!! demi-tour !! BUNGY Malgré toutes ces questions, au signal, je saute. Le compte à rebours a été tellement rapide que même si les questions ont été posées, elles n'ont jamais trouvé de réponses et les affirmations n'ont souffert d'aucun débat. Je saute donc. La seconde qui suit est la seconde où j'ai réalisé que j'avais vraiment sauté. Et une nouvelle question : "Est-ce que je viens vraiment de sauter d'un pont, là, tout de suite ?" Je sens le vent sur mon visage et je vois le petit ruisseau en contrebas grandir et se transformer en une belle rivière dont le calme est perturbé par quelques rapides. Oui, j'ai vraiment sauté. Une fois cette vérité admise, les dès sont jetés, pas de retour en arrière possible. Il ne reste plus qu'une chose à faire apprécier. En silence, en hurlant, en lâchant quelques insultes, en rigolant... Chacun extériorise son trop plein d'adrénaline à sa façon. Pour ma part, j'ai d'abord crié et je n'ai pu m'empêcher de rigoler ensuite. Un fou rire nerveux attestant d'un état d'euphorie que je n'avais atteint que lors de mes sauts en parachute il y a quelques années. Je sens l'élastique se tendre, il ralentit ma chute, jusqu'à ce moment où tu ne chutes plus mais tu ne remontes pas encore. Étrange sensation de lévitation que je ne saurais décrire. Puis je remonte, l'élastique se rétracte et reprend sa forme initiale. C'est à partir de ce moment là que j'ai réalisé réellement ce qui venait de se passer. C'est à ce moment là aussi que j'ai commencé à observer mon environnement. Assez perturbant la tête en bas, je dois dire. D'autant plus que je suis désormais ballotté un peu dans tous les sens, un pantin désarticulé au bout d'une corde. Je reprends de la hauteur, l'amplitude de l'élastique se réduit. Je suis toujours euphorique, la peur et l'appréhension ont complètement disparu, même suspendu la tête en bas à une bonne centaine de mètres. Un membre du staff suspendu a un treuil me récupère, me met dans une position plus confortable. Je suis maintenant assis dans le vide, fermement accroché à la longe de sécurité, comme si ma raison venait de refaire surface et me disait "accroche toi, on ne sait jamais". Il me dépose finalement sur la plateforme de récupération et me déharnache. Je me mets doucement debout, mes jambes tremblent un peu. Je rejoins mon amie, elle a sauté juste avant moi en seconde position. L'euphorie et l'adrénaline me tiennent encore. On se congratule, on rigole nerveusement, des sourires presque niais restent figés sur nos visages. Nous regardons les autres sauter les uns après les autres. Une petite vanne sur les moins rassurés pour se détendre sachant pertinemment que quelques minutes plus tôt nous n'en menions pas bien large non plus. Sans aucun doute une des plus excitantes journées de ma vie. En espérant pouvoir bientôt à nouveau ressentir cela et pourquoi pas repousser encore un peu mes limites ?!
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