Yershov, Russia - Polarsteps

Il y a des journées qui ne s’annoncent pas. Les routes de la Russie sont réputées très mauvaises, mais après les cratères d’obus sur les restants d’asphalte entre la Géorgie et l’Arménie, on se ne se plaignait pas vraiment. Les routes sont dégradées mais il y a beaucoup de travaux routiers qui améliorent les conditions, Cette fois, plutôt qu’un nouveau pavage, ce sont des réparations à la pièce, trou par trou, ce qui fait une surface cahoteuse presque uniforme. On roule à 65 Km/hre pour rester prudent. On se fait brasser pas à peu près. Ça fait toutes sortes de nouveaux bruits, Marie n’a plus d’internet, ça devient plus stressant. C’est le plus sournois des dangers de la route qui nous a frappé aujourd’hui. Pourtant je le connaissais pour l’avoir bien vu en Algérie en 1983 lorsque je traversais le Sahara, je ne l’ai pas reconnu à temps. La ‘’route en rivière’’, ce sont des minis vagues qui se forment sur le chemin. La seule façon de passer à travers est de trouver la bonne vitesse qui permet au véhicule de glisser sur la route en harmonie avec la vibration de la route. Si vous n’avez pas la bonne vitesse vous vous faites démolir, vous et votre véhicule. Sur la route cahoteuse continuellement réparée par sections de 30 à 50 cm avec des crevasses de 5 à 10 cm on a le même effet. Nous nous sommes arrêtés dans un petit village qui semblait le dernier point civilisé avant la frontière du Kazakhstan. (je crois qu’il y a une tradition ou un message qui se passe entre les pays voisins sur l’état des routes qui communiquent entre eux). Je croyais qu’Ulysse allait tomber en mille morceaux. Marie m’indique qu’ici c’est le mécanicien local… ça ressemble plus à une cour à scrap, mais bon, au moins on aura des pièces. Je me stationne directement par-dessus l’allée creusée pour un trou d’homme sous le véhicule. Le brave monsieur sort en camisole. Rapidement il inspecte la direction, les amortisseurs, les stabilisateurs, il a des doutes, on va chez sons ami voisin qui semble plus mécano. Non, ce n’est pas la direction ou quoique ce soit avec la suspension en avant…on regarde en arrière, hé oui, le fameux ballon de suspension réparé à Causapscal est de nouveau dés-enligné, la partie inférieure soudée a tenue, mais cette fois la pièce d’acier supérieure trop faible a plié et le ballon est foutu de nouveau. Donc on revient au système de base sans aucune suspension à air assistée -c’est plus dur mais ça marche quand même. En sortant du trou, le mécano remarque que la barre d’éclairage à dels avant ne tient plus que par une seule visse d’un seul côté, voilà la source du bruit! Nouvelle visse, on range les outils (les miens car il n’en n’avait aucun) et on repart, 1000 roubles au monsieur à camisole, le mécano refuse. Ding ding dong, le bruit persiste, on revient au garage; test de route; le monsieur à camisole roule à 80 Km/hre, aucun bruit. Il demande à son ami mécano de refaire le test de route. Lui roule plus lentement et tout tremble, il revient au trou d’homme immédiatement et brasse le pare-choc garde pied de coté chauffeur qui est ne tient plus qu’avec 2 des 5 boulons. Cette fois c’est vraiment la source du bruit inquiétant. Le mécano accepte finalement 1000 roubles, le monsieur à camisole m’offre un café, c’est un policer à la retraite, il nous souhaite bonne chance, surtout sachant qu’on va vers le Kazakhstan. Les poignets, les coudes, les épaules, le cou, le dos en entier, les hanches, les genoux et même les chevilles sont devenues des partie externes de nos corps. On s’arrête rapidement pour la nuit. On prend une douche (+2 Aleve + 2 bières) et demain, on reprendra la route à 80 Km/hre!
  1. BenoitLaurin
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