Dushanbe, Tajikistan - Polarsteps

Au petit matin, le ciel s’est dégagé au-dessus du resplendissant lac Iskanderkul et le chemin vertigineux que nous avons pris la veille et que nous devons reprendre en sens inverse pour regagner l’autoroute vers la capitale, Duchanbé, prendra tout un autre air. Du lac jusqu’à la jonction de l’autoroute nous avons la compagnie d’un couple polonais qui visite l’Asie centrale en transports publics et sur le pouce. Nous nous arrêtons un peu plus loin, après un autre interminable et obscure tunnel sous les montagnes, pour casser la croûte dans un petit restaurant familial à ciel ouvert situé en bordure de la rivière dont le torrent masque le bruit incessant des camions. Faute de langue commune, il faut passer par la rudimentaire cuisine pour choisir nos plats. Bien repus, nous nous apprêtons à reprendre la route lorsque nous voyons un gros camping-car américain qui nous semble familier. En descendent l’Espagnole Rocea et le Britannique Tom dont nous avons fait la connaissance à Tbilissi, en Géorgie. Nous nous rasseyons avec ces sympathiques voyageurs au long cours pour échanger sur nos découvertes et les conditions de routes. Dushanbe ou Douchanbe? Il y a toujours plus d’une façon d’écrire les noms de lieu tadjiks ou tajiks; cela ajoute du piquant lorsque nous essayons de déterminer où nous sommes et où nous allons. Nous passons par cette capitale essentiellement pour changer de l’argent, acheter de l’assurance auto tiers partie et faire le plein de vivres avant d’entreprendre la route du Pamir qui, pour les fins du tourisme international, relie Douchanbé à Och (ou Osh) au Kirghizstan (ou Kirghizistan) et offre quelques options d’itinéraire. Nous élisons domicile dans le parking d’un grand hôtel du centre-ville, fort achalandé en ce jour de fête nationale, mais où nous trouvons heureusement un peu d’ombre au-dessus d’un sol plat. Nous recevons la visite d’un jeune homme fort intéressé par notre parcours, car il envisage de se rendre en Turquie en auto, avec des amis, pour aller y encourager l’équipe tadjik de rugby. Il nous consulte pour déterminer si sa berline 2x4 tiendra le coup sur les routes que nous avons prises avec notre 4x4. Il y a des jours comme ça où l’humanité se charge de nous rappeler qu’Ulysse n’est pas un vaisseau spatial dans lequel nous vivons collé l’un sur l’autre pour découvrir l’univers, même si, parfois, c’est l’impression que nous avons quand nous nous trouvons seuls trop longtemps.