Mardin, Turkey - Polarsteps
Avant de partir pour le Kurdistan Irakien, j'établis mon camp de base dans la cité antique de Mardin, en plein Kurdistan Turc.
Je vais rester quelques jours ici en attendant Julien qui est parti chercher son permis de résidence et en démêlant les mystères autour du passage de frontière et du test covid associé.
Pour cela je suis hébergé par Mehmet et Apo (photo non contractuelle). Deux académiciens en linguistique, spécialisé langue Kurde. C'est d'ailleurs un jour où je les ai accompagné à l'université vide que j'ai pu dresser ces portraits avantageux.
Mon expérience avec eux est très précieuse. Déjà parce qu'ils sont grave cool et pas prise de tête alors j'ai l'impression d'être en coloc'. Et ensuite parce qu'ils peuvent me parler de l'histoire Kurde, des enjeux politiques, des dessous des cartes en somme !
Et même si les histoires sont un peu sombre, ils le font toujours avec beaucoup d'humour (bien noir du coup).
Il m'emmène même dans un café Kurde, où l'on parle quasi uniquement Kurde et où les étagères sont remplis de livre Kurde.
Et ça aussi c'est sachant qu'il y a quelques dizaines d'années la publication de livre Kurde était interdite, tout comme le parler à certain endroit. Il y a qui savent s'y prendre en assimilation culturelle.
Je prends aussi le temps de visiter Mardin. Enfin surtout le vieux Mardin (la partie antique de la ville) : des petites rues en pierre, une rue commerçant regorgeant de trésor, des rues plus modestes où l’on étend ses tapis sur le mur, des points de vue sur cette colline humaine, des toits qui donnent envie d’y faire des courses poursuites avec Aladdin …
Et puis une vue magnifique sur l'entrée de la fertile et verdoyante Mésopotamie ! Surtout en cette session c'est incroyable car du côté Nord de la colline les paysages sont désertiques et poussiéreux, et du côté Sud (Mésopotamie), le Tigre et l'Euphrate commencent à rendre les plaines immenses verdoyantes (cela se voit timidement sur la photo 5).
La partie moderne de la ville, le « new Mardin » me fait une sensation étrange en revanche. Les buildings y ont poussés trop vite, n’importe comment et n’importe où. A moitié finis, reliés par des routes en terres sans être complétement en état de fonctionnement (c'est en tout cas le cas de l'appartement qui se veut assez moderne où je loge).
On dirait que la modernité est arrivée trop vite, sans laisser le temps à la réflexion et à la cohérence. Et encore moins à plus d'égalité.
Deux Mardin, deux mondes qui donne un mélange tradition / modernité assez particulier. Des buildings qui poussent comme dans champignons à côté de poules, de chèvres ou de four à pain traditionnel.
Pour rajouter un peu de nonsense à tout cela, mes colocs apprennent l'allemand, adorent le film "Les misérables" et parlent des fois en chantant tel Jean Valjean, et j'ai décidé de leur faire faire des ravioles du Dauphiné, chauvinisme oblige.
Après quelques jours, je suis rejoins par Julien (ci-présent en train de manger du riz à la main), on se fait récurer les nasaux à l'hôpital et nous voilà fin prêt pour l'aventure !
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Petite histoire : le vieil homme des ruelles
Aujourd'hui je décide de ne pas prendre les dolmuş (minibus équipé pour servir de transport en commun) et de gravir la colline du vieux Mardin à pied.
Je m’aventure sur un toit pour une photo, et c’est alors qu’un vieil homme (à qui le toit appartient) m’invite à prendre le thé chez lui.
C’est sommaire, on s’assoit sur les tapis de l’entrée. On communique par traducteur majoritairement.
Il me demande de l’aide pour venir en France. Sur le principe je veux bien, mais alors j'ai encore moins idée que toi comment on fait ça l'ami …
Et il me semble qu'injustement le simple fait que tu ne soit pas né au bon endroit et avec pas assez d'argent est quasi rédhibitoire pour venir en France.
Je ne peux pas lui dire ça. Je lui dis oui, j'essaierai de l'aider dans la mesure de mon petit pouvoir…
Merci pour le thé.
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Croissant Turc
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Mardin