Slemani, Iraq - Polarsteps

[Notre arrivée est très fun, je la raconte dans la partie "petite histoire"] Nous voici donc à Suleymaniyah, Sulaymaniyah, Slemani ou même Bourg-en-Bresse, bref le passage de l'arabe au latin c'est un peu flou. Pour se familiariser avec l'ambiance, rien de tel que le bazaar. Alors explorons le bazaar de Suleymaniyah et ses mystères ! Bon c’est un bazaar comme les autres, mais pour nous tout est nouveau, tout est « extraordinaire » dans ce marché qui fonde pourtant le quotidien des Kurdes. Des poussins teints en fluo, des vieilles machines à laver qui servent à faire sécher des graines de tournesols, des épices entassées en pyramide, des savons en Colysée, des fruits séchées qui pendouilles, des têtes et des carcasses de vaches, des chapelets et des tissus accrochés dans tous les sens, des habits traditionnels trop stylés, des chiffres arabes qui ne ressemblent pas aux nôtres*, des livres sur Hitler … On en plein les yeux, alors on navigue tranquillement d’échoppes en échoppes. Un de ces mystères étant l’émotion que l’on suscite sur notre passage. Ce n’est vraiment pas rare qu’une voiture passe à fond en arrière-plan avec un passager le corps à moitié à travers la vitre pour crier « hello how are youuuuu ? », ou que l’on nous demande de prendre une photo, ou encore qu’on nous offre à manger parce qu’on n’sait jamais que ne soit pas assez bien accueilli… Oui niveau hospitalité on a senti à la première omelette qu’on a voulu acheter (c’est pas vraiment une omelette mais j’ai oublié le nom) que le Kurdistan c’était un autre level d'hospitalité. Plusieurs hypothèses pour expliquer cela. - La culture méditerranéenne ou arabe plus généralement aime se mettre en 4 pour montrer explicitement son respect à ceux qui le mérite. Et les « invités » en font partis. -Ajouter à cela (c’est très lié) l’Islam, qui IMPOSE presque l’hospitalité pour les voyageurs. -Et enfin la rareté des touristes européens ou western en général (avec en plus une idéalisation de ceux-ci). Si pour nous tout ce qu'on voit est étrange, pour eux aussi c'est extraordinaire d’avoir des babtous en ville ! A tel point qu’un mec nous a vu au loin dans son taxi, s’est arrêté, et est venu nous demander une interview pour une émission TV. SUPER FOREIGNER pour SUPER TV. C'était aussi stupide que ça en à l'air, mais on s'est bien marré. Et on a pu voir les dessous de ces émissions ultra fake. Alors si tu veux nous voir passer pour des abrutis à la TV Irakienne, c'est ici : https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=18IAfRD3jqQ Entre temps notre hôte Couchsurfing, Aryan, nous fait découvrir la ville à travers ses yeux. Il nous emmène sur la colline qui surplombe la ville (vous pouvez le voir effectuer la "pose Kurde" c'est à dire avec la kalash... ils ont beaucoup d'auto-dérision ces Kurdes) , nous emmène dans un thé-chicha pour jouer au Backgammon, nous emmène manger de l'houmous dans la rue principale et nous invite même à une réunion de famille dans un resto (de luxe) avec concert. Bref on est constamment sur le qui vive, constamment interpelés par le choc culturel (et par des gens), constamment dépaysés … le soir on dort bien. *Les chiffres arabes (qui viennent d'Inde mais passons) ce sont séparés en deux écritures : l'écriture occidentale que l'on connaît, et l'écriture orientale. C'est à dire que là-bas en plus de ne pas pouvoir lire les panneaux on ne peut pas lire les prix. ********************************************* Petite histoire n°1 : une arrivée folle Arrivée à Suleymaniyah, une femme (pas voilée) qui parle parfaitement anglais nous indique le chemin. Cliché brisé. On n’a pas fait 100m dans la rue qu’un homme (encore une fois avec un anglais parfait) nous arrête pour nous parler de Xline, un lieu culture dans une usine désaffectée ! Apparemment on a la dégaine à aimer ce genre d’endroit. Puis il nous conseille pour la bouffe et les banques. Il est activiste écolo. Cliché brisé ? On refait 100m dans l’autre sens et on croise une statue d'un balayeur, c’est nice. Encore 100m et on croise un mec avec un chimpanzé de compagnie. WHAT THE FUCK Suleymaniyah. Encore 100m et nous voici dans un resto assez cool, où les serveurs parlent anglais et où on se régale avec les fameux multiplats : Riz, aubergines, soupe, pois chiche, et ... une soupe d’abricot pour accompagner le riz. Quelques minutes de marche (ça peut pas toujours être 100m) pour aller voir ce fameux lieu culturel et l'on passe au devant d’un café rempli de jeune étudiants (et étudiantes. Again) qui semble très sympathique. Puis on arrive à l’ancienne usine de fabrique de cigarettes, qui sert de lieu culturel pour le projet Xline. Incroyable ! On prendra le temps d’apprécié un entraînement d’orchestre, puis de visiter les multiples univers culturels qui ont poussé dans les salles de stockage du tabac, dans les salles de machineries, dans les halls … On y voit des expositions, une salle de sport de combat, une salle de danse, un studio de musique, un atelier de fonderie, un musée des expériences de Xline, une agora pour gérer le tout d’une manière très novatrice… Sans compter la maquette de jeu géante représentant le projet et la salle de création de l’univers jeu vidéo révolutionnaire de Shero (créateur et programmeur de l’endroit). Ce dernier nous parle d’ailleurs des futurs projets de théâtre mais aussi de laboratoire. Bref l’endroit est fou, la mauvaise expérience est compensée. Cliché brisé ! *********************************************** Petite histoire n°2 : une interview fake pour un papi très sincère Et nous voici au jour de l'interview. C’est tellement fake ! Et voici qu’on nous dit où regarder, où marcher, quoi faire, qu’on refait les plans 3 fois, que le présentateur fait semblant de nous expliquer une statue dont il ne connait même pas le modèle pour la caméra, qu’on prend des livres au hasard sur le marché pour faire des bons plans vidéos… Bon du coup on se marre bien avec Julien. Je joue avec les caméramans, je lâche des « Super TV » à tout bout de champs, je fais le signe Jul … je vais être un calvaire pour le monteur ! Pendant qu’on essaie leur couvre-chef traditionnel (sorte de kippa + turbans Kurde autour), on commence à devenir le centre de l’attention. Je me sens un peu singe au zoo. Soudain un vieux papi demande le micro et entame un long monologue en nous regardant. Les seuls mots que je comprends sont ‘supas’ (merci) et ‘Mitterrand’ … Il nous remercie au lieu de la France pour l’accueil que Mitterrand a offert aux Kurdes quand ils se faisaient durement persécutés par Saddam Hussein. C’est tellement touchant. Et à la fois tellement stupide. J’aimerais lui dire que ce n’était qu’un jeu politique. Que l’on n’a rien à voir avec ça. Mais je ne parle pas Kurde et je ne veux pas faire la merde dans notre relation diplomatique, c'est arrangeant d'être bien reçu juste parce que t'es français.
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