Mardin, Turkey - Polarsteps

Fin du suspense, voici le nouveau plan : le Kurdistan Irakien. Comme c'est un peu le bordel niveau culture, histoire et géopolitique j'ai envie de vous faire un petit résumé de la situation de la région. Cela vous sera très utile pour comprendre les détails de la suite de mes aventures (et potentiellement le conflit Kurde et un bout de celui en Syrie). Cependant c'est peut-être pas super fun donc je comprends si vous passez ce step. Alors commençons par le début, le Kurdistan c'est quoi ? Et bien la réponse n'est pas évidente... Très administrativement, le Kurdistan est une région autonome d'Irak, que j'appellerai Kurdistan Irakien, et c'est là où l'on se dirige avec Julien. Mais dans les faits le Kurdistan c'est beaucoup plus. 1. Kurdistan ça veut dire "Terre des Kurdes", cela défini donc une région peuplé par une certaine ethnie, les Kurdes, qui ne sont ni Arabes, ni Ottomans (Turcs), ni Perses (Iraniens), ce sont des Kurdes. Très vieille ethnie, les premiers Kurdes étaient appelés Yézidis (on y reviendra) et leur religion date d'avant le Judaïsme, vers -5000 avant notre ère. 2. Cette région est à cheval sur 4 pays actuels; et n'est donc pas reconnue en tant que pays. C'est d'ailleurs le plus grand peuple apatrie du monde (sûrement détrôné par les Juifs avant Israël). On trouve plus de 15 millions de Kurde en Turquie (soit 20 à 25% de la population quand même), et quelques millions éparpillés entre la Syrie, l'Iran et l'Irak. Qui sont respectivement appelés le Kurdistan Nord, Ouest, Est et Sud. 3. Les Kurdes ont en parti été conquis par l'empire arabe vers 700, ils sont donc devenus majoritairement musulmans. Puis ils seront assimilés par l'empire Ottoman. Et en 1150 un sultan (Sinjar) crée officiellement une province "Kurdistan". Aujourd'hui encore la plupart des Kurdes sont (officiellement) musulmans, bien que quelques chrétiens et yézidis persistent. 4. En 1920 après la chute de l'empire Ottoman, un premier traité prévoit la création d'un état Kurde, mais c'est finalement le traité dé Lausanne, sans Kurdistan, qui sera signé en 1923. Des Kurdes m'ont mentionnés un accord économique secrets entre la nouvelle Turquie (et Atatürk) et le RU en échange de la modification du traité... (peut-être un contrat de vaccin et d'antenne 5G en avance ?) 5. La région a toujours été confronté à des conflits car le Kurdistan c'est fichtrement stratégique ! Déjà parce qu'il y a du pétrole. Ensuite parce que la plupart des ressources en eau de la région se situe là (avec le Tigre et l'Euphrate, ce qu'on appelle la Mésopotamie). Et enfin parce c'est un peuple frontière, qui sépare les états arabes chiites et sunnites, qui sert de fusible si des conflits surviennent (les conflit Syrien et Iran-Irak en font une belle démo) 6. Depuis ce jour les Kurdes de chaque pays luttent à leur manière pour leur indépendance (ou du moins plus de reconnaissance). En Turquie les Kurdes sont sévères persécutés et réprimés, s'en suit la création du PKK, un groupe armé Kurde luttant pour l'indépendance. Le PKK est considéré (à juste titre) par la Turquie comme des terroristes, et sont obligés de se réfugiés dans les montagnes Turcs à l'Est, mais aussi dans les montagnes Irakiennes et Iraniennes. En Iran même histoire. En Irak Saddam Hussein autorise la création d'une région indépendante (avec sa propre armée, les Peshmergas, et son propre gouvernement) en 1974, après quelques passages de répression assez sombres. En Syrie des milices (PYD) étaient aussi présentes, et lors du début du conflit Syrien en 2011, c'est notamment cette milice qui combat l'EI dans la région du Rojava (Nord-Est Syrien). P.S. : Ce notamment avec des escadrons de femmes qui terrorisaient les combattants d'ISIS pour qui mourir sous les balles d'une femme était synonyme de raté le paradis... 7. En 2017 le Kurdistan Irakien proclame un référendum pour son indépendance totale (92% pour). Ce à quoi Bagdad sévèrement après quelques jours de fête... Blocage des aéroports internationaux et prise militaire de Kirkuk et Mossul, comme par hasard les zones pétrolières. 8. Actuellement une partie de la Syrie est encore sous contrôle des milices Kurdes, soutenus par les USA notamment. Mais aussi par le PKK, ce qui est un bon prétexte pour la Turquie pour prendre le contrôle de la frontière Syrienne. C'est d'ailleurs aussi pour chasser les membres du PKK que la Turquie fait régulièrement des opérations militaires dans le nord du Kurdistan Irakien.