Muhange, Tanzania - Polarsteps

👉 Meilleure mise en page et plus de photos : https://www.magicargol.fr/carnet/tanzanieno/t/1757304 👉 Summary in English below ____________________________________ Entre la Tanzanie et le Burundi, les postes frontières ne sont pas légion. Nous repérons sur google map un chemin vaguement tracé, serpentant entre les champs, les termitières, les rivières et les rizières. Aucun groupe WhatsApp, aucun de nos réseaux, ne semble savoir si un poste frontière existe à cet endroit. On se fie donc à la foi, à la bonne étoile. 30 km de piste qui se la joue de plus en plus rebelle. Les enfants des hameaux nous suivent du regard, mi-inquiets, mi-hilares devant ces "Mzungus" d'une autre terre qu'ils découvrent en chair et en os pour la 1ère fois, comme s’ils regardaient passer un OVNI en ferraille. Chaque virage dévoile un bout d’Afrique brute : des champs de manioc, des rizières, des visages curieux, un silence de poussière. Puis viennent les murs de collines, Zabeth ne peut fuir mais reste stoïque. Des montées terreuses à 20 %, des descentes en toboggan rouge, et Cargol, en mode 2x2, le 6 cylindres transpire mais garde le cap. Et puis soudain, le hameau frontière avec son poste. Il est 14h. Un bâtiment vaguement debout, mi-douane, mi-poulailler, avec un drapeau fatigué. Une pièce aux murs couleur poussière cuite, un plafond en planches fatiguées et, au milieu du décor, un téléviseur vissé au mur qui diffuse une série d’action à bas budget. Le douanier, lui, est confortablement installé dans une chaise branlante, concentré sur deux choses : son téléphone et le destin tragique du héros télévisé. Sur la table-banc : un enchevêtrement de fils électriques, un carton recyclé en bureau administratif, quelques bassines et, en bas à droite, l’agent de sécurité en chef : un coq placide qui surveille les lieux, imperturbable. Est-ce lui qui délivre le tampon du passeport à coup de bec ? On pourrait croire à un décor de film, mais non : c’est bien ici que se joue notre sort administratif. Et c’est ce mélange improbable de poulailler, de bureau qui détient le pouvoir de dire "oui" ou "non" à notre passage. Le douanier ne s’énerve pas, ne s’agite pas : il vit au rythme du "polé polé" africain administratif, cet art de prendre le temps avant que le temps ne vous prenne. Le "chef", sourire tranquille, nous explique que la frontière est ouverte "depuis quatre ans", mais qu’il n’a "jamais vu passer un étranger ni fait de visa". On se regarde, mi-amusés, mi-inquiets. Nous préférons attendre de passer le lendemain matin car le visa du Burundi n'est que de 3 jours seulement et il faut rejoindre la capitale Bujumbura pour l'étendre... 300km dans un pays inconnu, le deuxième pays le plus pauvre du monde. Nous y arriverons quand nous y arriverons mais autant mettre les chances de son côté. Tour de hameau épique, façon un indien dans la ville, Zabeth découvre la ruralité profonde, la dure vie de ces peuples qui gardent en permanence le sourire. 18h... le "douanier" vient nous voir : "ah ben non finalement vous ne pouvez pas passer par là, vous devez aller à une autre frontière à 30km (1h30 de piste)". Attend mon coco, tu viens me dire ça maintenant ? Pas question. La discussion s’étire, façon ping-pong surréaliste. "Tu trouves une solution ! On passe demain matin, par ta barrière ou par le côté, mais on passe !" 20h... "c'est ok vous passerez demain matin, mais quand vous reviendrez en Tanzanie en sortant du Burundi par le sud, la douane fera les papiers de sortie de Tanzanie." T'as suivi ami lecteur ? En fait tu rentres dans le pays et tu en sors à la fois, mais tu y restes... Ici, les frontières sont plus souples que les amortisseurs de Cargol. Et quand la logique s’efface, il ne reste que la poésie africaine : ce grand bazar organisé où tout finit, d’une manière ou d’une autre, par s’arranger. 😂 _______________________________________________ 👉 Better layout and more photos : https://www.magicargol.fr/carnet/tanzanieno/t/1757304 Between Tanzania and Burundi, maps promise a path, not a border. We follow a faint trail through cassava fields, red dust and curious stares — kids watching our metal UFO crawl up the hills. Thirty kilometres later, Cargol’s two-wheel drive sweats through 20% climbs before a small “customs office” appears: half coop, half bureaucracy. A flag droops, a TV blares low-budget drama, a guard chicken patrols the room. The officer, unbothered, toggles between his phone and destiny. Turns out the border has been “open four years” but never seen a foreigner. By dusk, after much surreal ping-pong diplomacy, we’re told we can cross — tomorrow. The logic? You enter and exit Tanzania at once, but somehow stay there. In Africa, borders are flexible, time negotiable, and everything, somehow, ends up working out.

Country Guides:

Tanzania