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Franck et Muriel dans leur Cargol -
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Tour de Terre(s), Afrik Est : Kenya Ouganda Rwanda
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De l’eau bénite à la boue damnée !
Burera, Rwanda - Polarsteps
👉 Meilleure mise en page et plus de photos : https://www.magicargol.fr/carnet/rwanda/t/1708774
👉 English text a little further down
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Le 2ème jour de notre arrivée au Rwanda, nous avions promis de revenir en ce lieu de refuge, de retraite. Le foyer de charité de Ruhondo : ce petit coin de paix posé sur une carte postale, collines lacs et volcans, une vue que l'on retrouve sur les billets. Des personnes tournés vers l'ouverture, l'entraide et la bienfaisance humaine simple, qui se dévouent en ce lieu de réflexion sur la vie et sur soi. Présence de Dieu, mais loin de nous cette idéologie, nous restons ancré athé.
Conviés à tous leurs repas sans formalités ni prêches, sans qu'aucune contrepartie ne soient demandée ou même pensée. On nous sert des légumes, des sourires, et un peu de riz collé aux grandes questions de l’existence. Nous ne pouvons rendre que quelques gratitudes, aide à la vaisselle, préparation des repas... Occasion rêvée d'en apprendre encore un peu plus sur ce pays.
Là , dans ce calme apparent, des récits nous bousculent doucement. Au travers d'une des soeurs arrivée la veille, nous côtoyons la douloureuse actualité des combats qui se déroulent à quelques dizaines de km côté République du Congo. Elle a pu s'enfuir de Goma, traverser la frontière et venir jusqu'ici se reposer, se ressourcer. Elle raconte l’angoisse, la fuite, les larmes qu’on cache. Nous écoutons. Pas en touristes, pas non plus en journalistes, plutôt comme des éponges qui prennent l’eau. Nous buvons ces paroles vécues. Elles viennent alimenter les témoignages de ces dernières semaines, la toile se tisse. Bientôt nous serons prêts à en parler, pas pour étaler, mais pour relayer.... Nous profitons de ces personnes riches de coeur.
Sortir les motos, objectif flânerie contemplative dans les collines. Résultat ? version boue-poubelle niveau expert. Contournant une ville par des pistes, nous déboulons (littéralement) à l'aval de la déchetterie locale. La moto s'embourbe tenant toute seule dans cette mélasse comme une œuvre d’art moderne éco-engagée, smoothie d'immondices. En essayant de l'extirper, une forte douleur à la hanche. Ma prothèse ou mes tendons refont-ils une crise au mauvais moment ? Des fouilleurs de poubelles, véritables chevaliers tongés viennent à notre rescousse, nous sortent de ce mauvais pas et pousseront la moto qui refuse de démarrer jusqu'en haut d'une côte pour rejoindre une piste. On les remercie du fond du cœur… et avec un petit billet équivalent à une journée de boulot (1€) provoquant plus de gratitude mutuelle qu’un discours de Miss France. La moto veut bien retrouver son ronronnement et même si j'ai beaucoup de mal à prendre appui sur ma jambe gauche, une fois assis et en roulant, tout va bien, alors roule ma poule !
Un village qui ressemble plus un hameau. Nous cherchons le bar, ou plutôt le baraquement qui en fait office. Une bonne bière... Nous déclinons l'invitation à s'asseoir à l'intérieur sur quelques planches posées sur le sol en terre, dans la pénombre encadrée par des murs mi-terre mi-tôle ondulée. À peine assis dehors, la population locale se rassemble. On dirait une classe en sortie scolaire venue observer deux espèces rares. Les enfants nous dévisagent avec des yeux plus ronds que leurs ballons dégonflés. Les adultes sourient. Et nous, on rit avec eux, pas d’eux.
Le moment est étrange : nous, touristes d’un monde pressé, soudain immergés dans un présent doux, lent et partagé. Un échange sans monnaie, sans discours, sans filtre, juste un caniveau entre eux et nous. On trinque au soleil, au silence, à la surprise de l’instant. Moment hors de notre temps forgé par notre éducation, et pourtant si réel, si criant de vérité humaine.
ℹ️ Foyer de Charité de Ruhondo : -1.52667 29.72096. Nous y avons dormi dans notre Cargol, au fond du parking. Aux dernières nouvelles, ils préfèrent que les voyageurs prennent un hébergement, dortoirs possibles
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On the second day of our stay in Rwanda, we returned to Ruhondo’s Foyer de Charité, a peaceful retreat surrounded by hills, lakes, and volcanoes—like a postcard scene. The people there are open, generous, and humble, offering meals without expectations, simply sharing food, smiles, and existential questions. Though the place is imbued with spirituality, we remain firmly atheists, yet welcomed unconditionally.
Among the calm, a Congolese nun shared her harrowing story of fleeing recent conflict in Goma. We listened—not as tourists or journalists, but as human beings absorbing lived experiences. These moments slowly shape the story we may one day share—not to boast, but to bear witness.
Later, while exploring the hills by motorbike, we ended up stuck in a muddy dump site. Local scavengers came to our aid, lifting both our spirits and the bike, for the price of a simple thank you and a small tip worth a day's wage. Mutual gratitude spoke louder than any speech.
Later, in a remote village bar, we were warmly received. Children stared wide-eyed; adults smiled. We laughed with them, not at them. That moment—without money, words, or barriers—felt timeless and deeply human. A simple toast under the sun, to presence, silence, and shared existence.
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Rwanda